Protrait : Amanda Thompson directrice de Blackpool Pleasure Beach

Publié le par parcattractions.fr

Le 13 juin 2004, au lendemain du décès inattendu de Geoffrey Thompson, sa fille Amanda était au bureau pour prendre sa succession en tant que directrice générale du parc d’attraction le plus populaire du Royaume Uni, le Pleasure Beach de Blackpool. La semaine suivante, c’est sa grand-mère Lilian Doris Thompson qui décédait à son tour. Âgée de 101 ans, elle était membre du Conseil d’administration depuis 1929, qu’elle présidait depuis 1976.

Les amis et les collaborateurs d’Amanda Thomson se souviennent qu’elle a répondu à cette tragédie familiale par un travail acharné et que le chagrin lié à la mort de son père ne s’est exprimé qu’à huis clos. Ce que ses employés ont vu, ce qu’ils avaient besoin de voir, c’était une femme prête à multiplier les efforts et à prendre les rênes de l’entreprise familiale.

Et c’est ce qui s’est passé.

« Elle était vraiment forte », a déclaré Gill Mathison, directeur des relations publiques de Pleasure Beach, dans les jours qui suivirent la mort de Geoffrey Thompson. « Elle savait qu’il le fallait, pour la société comme pour sa famille ».

 

« On ne s’attendait pas à ce que quiconque prenne sa place »

Pleasure Beach, situé sur un terrain de près de 17 hectares dans la zone du Golden Mile, le long de la côte nord-ouest de l’Angleterre, a été fondé en 1896 par William George Bean, beau-père de Leonard Thomson et arrière-grand-père d’Amanda. Geoffrey Thompson a pris la direction du parc d’attraction en 1976, ce qui fait qu’Amanda n’est que le quatrième directeur général en plus de 100 ans, pour une destination touristique qui draine près de 6 millions de visiteurs par an. En terme de fréquentation, le parc se situe ainsi parmi les 15 premiers au monde.

Un lourd héritage à porter.

« On n’est jamais prêt à endosser le rôle de directeur général. Personne ne vous prépare au décès d’un membre de votre famille », remarque Amanda Thompson, auparavant directrice générale adjointe aux côtés de son père, un poste à présent occupé par son frère Nicholas. « J’en savais pourtant autant que possible au moment où j’ai pris la relève. J’étais très proche de mon père, non seulement nous travaillions en étroite collaboration jour après jour, mais nous nous entendions également à merveille. Pour moi, c’était un héros. Il était sur un tel piédestal que personne ne pourrait se hisser à son niveau. Je pense faire les choses différemment, et il tenait absolument à ce que ma sœur, mon frère et moi-même soyons des individus à part entière. On ne s’attendait pas à ce que quiconque prenne sa place. C’était un personnage hors du commun ».

Amanda connaissait son père mieux que personne et elle sait dans quelle mesure ses propres forces et aspirations diffèrent des siennes. Geoffrey passait beaucoup de temps à Londres, se souvient-elle, à « bombarder les parlementaires de questions sur le tourisme » : un industriel de haut vol sur le front législatif.

L’enthousiasme et la passion de sa fille appartiennent au domaine du spectacle - elle a mis en scène des productions pendant près de vingt ans - un trait de caractère qu’elle a également hérité de son père: « Il était aussi particulièrement impliqué dans le divertissement ». Elle souligne qu’il avait un talent rare. Par conséquent, le management d’Amanda Thompson est un mélange de délégation des responsabilités et de microgestion. Elle laisse ainsi à son équipe de direction, composée d’hommes de confiance (comme David Cam, spécialiste des questions législatives, et actuellement Président du BALPPA, l’association professionnelle britannique qui œuvre pour l’industrie des loisirs) la majeure partie de certaines tâches, comme les relations avec l’État.

Amanda Thompson n’est toutefois pas du genre à rester derrière son bureau. Elle arpente en permanence Pleasure Beach avec un œil critique, remarquant les moindres détails pouvant heurter sa propre vision du parc. Elle reste également Présidente de Stageworks Worldwide Productions, la société de spectacles sur scène de Pleasure Beach qu’elle a créée en 1982 (à tout juste 20 ans) et garde le contrôle créatif des trois spectacles caractéristiques du parc: « Éclipse », « Mystique » et « Hot Ice ».

« Il s’était fortement engagé pour notre patrimoine théâtral local et voulait s’assurer que le spectacle serait un argument unique qui encouragerait les visiteurs à effectuer leur traditionnelle visite à Blackpool » souligne Amanda. « J’ai conservé cette partie de son rôle ».    

Ainsi, par un jour venteux de la mi-mars, Amanda Thompson arrive au parc à 6 heures du matin. Le moment est crucial: la 70 ème représentation de « Hot Ice » aura lieu dans quelques semaines à peine, dans la dernière patinoire de spectacle au monde, construite par son grand-père. Amanda s’installe dans l’un des sièges au fond de la salle, un œil sur les patineurs au dessous d’elle et l’autre sur les mails qu’elle a reçus du bureau. Elle y restera jusque tard dans la nuit, jusqu’à ce que la production soit parfaite. « Ce sera excellent ».

Au cours de sa première saison en tant que directrice générale, Amanda n’a rien fait de radical (plus d’informations à ce sujet un peu plus tard). Elle s’est plutôt concentrée sur des petits points « d’intendance » qui, pris séparément, ne sont en rien remarquables pour un observateur non avisé mais qui, ajoutés les uns aux autres, changent l’apparence de Pleasure Beach. Elle s’est attachée à rationaliser un peu le parc: auparavant, l’objectif était de toujours proposer aux visiteurs de nouvelles choses à voir ou à entendre, où qu’ils aillent. À terme, cela peut pourtant devenir accablant, c’est pourquoi Amanda a ajouté des zones de repos - des oasis dans lesquelles les parents peuvent s’étendre sur des bancs et souffler un peu avant de repartir à la suite des enfants.

« Je sais exactement comment mon père penserait et agirait, et je n’étais pas toujours d’accord avec lui », déclare-t-elle avec un sourire entendu. « Nous avions des conversations très intéressantes et, en fin de compte, je respectais son avis. À présent, j’ai l’opportunité de mener les choses à bien ».

En août 2005, Amanda Thompson a achevé l’un des derniers projets de son père, avec l’introduction d’un nouveau logo, d’une nouvelle signalisation et de nouveaux uniformes pour le personnel. « Avec le développement du parc sur 110 ans, de nombreux styles très différents se sont mêlés les uns aux autres. Certains s’harmonisaient vraiment bien, mais d’autres étaient en conflit », explique Amanda. « Nous avons fait le tour du parc, enlevé de nombreux panneaux, observé le résultat et remplacé certains d’entre eux ».

Les membres du personnel de Pleasure Beach décrivent le nouveau logo comme « élégant, épuré et simple », ce qui reflète le type de parc qu’Amanda imagine pour l’avenir : une destination de loisir moderne qui s’enthousiasme pour les opportunités que l’avenir lui réserve. La police de caractères, en lettres capitales, a été créée spécialement pour Pleasure Beach, et constitue un hommage à son père. Baptisée « GT », elle figure désormais dans la documentation et sur la signalisation du parc, un héritage durable de plus pour Geoffrey Thompson. Certains panneaux historiques, qui signalent des attractions classiques telles que « L’Arche de Noé » ou   « Les Montagnes russes géantes » - n’ont pas été modifiés, témoins des efforts d’Amanda pour respecter l’héritage de Pleasure Beach sans pour autant laisser le parc se reposer sur ses acquis.

« Nous ne changeons pas ce qui est ancien, nous nous contentons de transformer ce qui ne marchait pas en un nouveau concept et de le faire fonctionner », déclare-t-elle. « Cela a l’air d’un travail quelconque, mais en réalité, c’est véritablement passionnant ».

Amanda Thompson effectue ces petits changements tout en préparant de plus grands chantiers pour l’avenir, alors que toute la ville de Blackpool retient son souffle dans l’attente de savoir quelle ville du Royaume Uni décrochera le prochain « super » casino régional. Le Casino Advisory Panel (Comité consultatif pour le casino) met actuellement au point les recommandations qu’il remettra au Ministre de la Culture, lequel ne devrait accorder qu’une seule licence de super casino au cours d’une annonce en décembre prochain.  

Selon Amanda Thompson, la réduction des prix des voyages internationaux a eu un impact sur le statut de Blackpool en tant que principale attraction touristique britannique (et sur Pleasure Beach en particulier). « Les parcs d’attraction doivent désormais observer avec attention ce qui se passe autour d’eux », dit-elle. « Se rendre dans un parc d’attraction n’est plus aussi excitant aujourd’hui que cela l’était il y a, disons, une vingtaine d’années, parce qu’il y en avait peu dans le monde à cette époque. De nos jours, on trouve un parc d’attraction dans, ou près, de presque chaque ville importante. Les gens voyagent si facilement partout sur le globe que les parcs d’attraction doivent se battre et imaginer de nouvelles façons de se faire concurrence pour occuper le temps de loisir de ces voyageurs ».

Les autorités de Blackpool, de même qu’Amanda, sont convaincus qu’un casino de grande qualité et à vocation touristique feraient passer la ville de lieu de villégiature saisonnier en bord de mer à une destination pour des séjours de moyenne ou longue durée toute l’année, ce qui permettrait de stimuler l’économie locale et de refaire de la région une étape incontournable pour les touristes britanniques.

« Le futur de Pleasure Beach est étroitement lié au futur de la ville de Blackpool. Il est capital que nous proposions ici une attraction qui fera vivre aux visiteurs une expérience unique au monde», explique Amanda Thompson, dont les idées grandioses trouvent leur inspiration dans la sensationnelle expansion et les immenses succès financiers qui ont eu lieu à Las Vegas au cours des dix dernières années. « Nous pouvons tout à fait devenir une île au sein de Blackpool et survivre, mais il serait exceptionnel que nous décrochions ce casino, car tout le monde se rendrait en masse à Blackpool, qui serait alors l’endroit branché en Angleterre ».

Si Blackpool semble être favori dans la course au casino, rien n’est encore joué. De nombreuses autres villes (Londres, Manchester et Glasgow, pour ne citer qu’elles) ont déposé leur candidature auprès du Comité. Par conséquent, dès que l’on aborde plus en détail la question du futur du parc, Amanda se montre un peu plus prudente. « Notre situation est un peu difficile », déclare-t-elle. « Nous ne pouvons pas parler ouvertement de notre avenir car nous ne savons pas exactement quelle direction il va prendre ». Pleasure Beach n’a pourtant aucune réticence à dépenser de l’argent pour en gagner ensuite, puisque le parc a investi 72 millions de Livres Sterling (105,5 millions d’Euros) au cours des cinq dernières années. Si Blackpool se voyait attribuer le casino, Amanda et son équipe auront un plan à long terme pour attirer et tirer parti des nouveaux touristes qui ne manqueront pas de visiter la région. Si le casino devait s’en aller ailleurs … eh bien Amanda assure qu’il existe également un plan pour ce cas de figure.

Une chose est sûre: elle est prête à affronter l’avenir, et elle est impatiente de le faire. Son père ne l’a pas forcée à entrer dans l’entreprise familiale. Elle travaille dans le secteur depuis l’âge de sept ans et elle aurait pu suivre n’importe quel cursus de formation. Amanda a choisi de revenir à Pleasure Beach, de poursuivre l’activité familiale, et son père lui a laissé le champ libre, afin d’encourager sa créativité.

« Je ne suis pas revenue parce qu’on me l’a ordonné, mais parce que j’en avais envie. [Geoffrey] était un homme très intelligent, et il m’a fait revenir très subtilement », explique-t-elle à nouveau avec ce sourire entendu. « Je pense que cela me convenait, parce que mon père était très ouvert et était habitué à ce que je dise ce que je pense. Il adorait nos confrontations, ce qui m’a fait progresser et m’a tant convaincue que je devais poursuivre avec cette société. Cette idée de combat a été ancrée en moi. Notre futur est très prometteur ».

Source : Funworld

Publié dans Revue de Presse Europe

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