La Réunion : 70 M pour le parc volcanique de Bourg Murat
Lancée en 1998, lidée daménager à La Plaine-des-Cafres un parc de loisirs sur le thème du volcan a, depuis, progressé à pas de géant. Lavant-projet étant sur le point dêtre bouclé, il est déjà question pour la mairie du Tampon de préparer ses demandes de subventions. Montant de laddition ? Quelque 70 millions deuros. Un investissement colossal, à la hauteur dun projet touristique sans précédent à la Réunion.
La Plaine-des-Cafres va-t-elle bientôt devenir lun des principaux pôles touristiques de la Réunion ? Cest en tout cas lambition de la mairie du Tampon qui, depuis près de sept ans, travaille sans relâche sur un projet de parc de loisirs, conçu sur le thème du volcan. Une étape supplémentaire est dailleurs sur le point dêtre franchie puisque, fin juin, lavant-projet sera définitivement bouclé. Cela va nous permettre de lancer une étude dimpact environnementale, ainsi quune enquête publique en vue de réviser le Plan doccupation des sols, précise Sophie Geffrontin, en charge de ce dossier au sein du service aménagement de la commune du Tampon. Cet avant-projet va également nous servir à préparer nos demandes de subventions et, par la suite, à lancer nos appels doffres auprès des entreprises.
225 000 VISITEURS PAR AN Bref, une étape décisive dans lhistoire dun projet touristique qui se veut sans précédent à la Réunion. Notre référence absolue, cest le Futuroscope de Poitiers, souligne Sophie Geffrontin. Dès son lancement en 1987, ce parc de loisirs est parvenu à doper toute léconomie de la Vienne, qui nétait alors quun modeste département rural, un peu endormi. Cest vraiment pour nous lexemple à suivre.
Une chose est sûre, la commune du Tampon a vu les choses en grand avec un investissement conséquent, déjà estimé à 70 millions deuros. Doù la nécessité de solliciter sans plus tarder lintervention de partenaires financiers, à commencer par lEurope, via le Feder (Fonds européen de développement régional), et la Région Réunion. Si laddition paraît colossale, elle est sans doute à la hauteur des retombées économiques attendues : selon une première hypothèse de fréquentation, le parc du volcan pourrait attirer quelque 225 000 visiteurs par an. Une estimation raisonnable quand on sait que 300 000 touristes se rendent chaque année au Pas de Bellecombe.
Limpact en terme demploi devrait également être considérable puisquil est question de créer 150 emplois directs, sans parler de ceux générés par les besoins du parc (restauration, hébergement, activités touristiques annexes, etc). Reste à connaître le contenu de cet ambitieux complexe touristique, dont limplantation est prévue sur le site du champ de foire, à Bourg-Murat.
Dans son avant-projet, le service aménagement de la mairie du Tampon a privilégié deux axes majeurs avec, dun côté, un parc de divertissements dune vingtaine dhectares et, de lautre, une aire de loisirs (16 hectares), qui fera lobjet dun financement séparé. Le premier, construit dans un enclos circulaire et creusé en cratère, est destiné à accueillir une dizaine dattractions, conçues comme des créations exclusives, scénographiées et scénarisées sur le thème du volcan. Parmi celles-ci, citons le cinéruption (cinéma dynamique), le vulcanoglisse (toboggans géants évoquant les coulées de lave), les bouches de la Terre (circuit pédagogique à bord dun véhicule tout-terrain) ou encore léruption aquatique (spectacle de sons et lumières).
Un tour en montgolfière pourra aussi permettre aux visiteurs dadmirer, vus den haut, les jardins de ce parc, imaginés comme une métaphore des paysages originels des cirques et du volcan de la Réunion. Laire de loisirs, rebaptisée jardin des pique-niques, accueillera notamment 120 kiosques équipés, une piste VTT, un parcours santé et des espaces jeux pour les marmailles...
Si aucune date na encore été fixée, les travaux devraient débuter dici moins dun an, espère Sophie Geffrontin. Dans ce cas, louverture au public pourrait intervenir à la fin de lannée 2007.
Trois questions à André Thien-Ah-Koon, député-maire du Tampon
Quel est le montage financier de ce projet, que vos services ont déjà estimé à 70 millions deuros ? Je tiens tout dabord à préciser que ce projet, qui a reçu le soutien de lAfit (Agence française dingénierie touristique), vient également de recevoir lagrément du conseil régional. Quant à son financement, il devrait se décomposer ainsi : 50 % proviendront de lEurope via le Docup (Document unique de programmation), 20 % de la Région Réunion, 10 % de lEtat et 20 % de la commune. Au total, la première tranche des travaux, qui ne concerne que le parc de divertissement, devrait effectivement avoisiner les 70 millions deuros
Le développement de La Plaine-des-Cafres est-il réellement à ce prix ? On est parti dun constat très simple : au moins 300 000 personnes empruntent tous les ans la route du volcan. Cest beaucoup. Pourtant, cette fréquentation na pratiquement aucune retombée économique pour La Plaine-des-Cafres. Il fallait donc concevoir un projet touristique, susceptible de retenir les visiteurs. Linvestissement est certes conséquent mais cest à ce prix que nous allons parvenir à un rééquilibrage, y compris en termes demplois.
A qui avez-vous fait appel pour concevoir un tel complexe touristique ? Plusieurs cabinets spécialisés, denvergure européenne, sont intervenus dans ce projet. Mais sur les conseils de Jean-Pierre Raffarin, jai également fait appel à Daniel Bulliard, lancien directeur général du Futuroscope de Poitiers, qui avait participé à sa conception. Celui-ci sera dailleurs présent demain (aujourdhui, ndlr) à la Réunion pour se rendre compte de létat davancement de notre projet. B.D.
UN BUDGET REVU ET CORRIGÉ Au fil des années, le contenu de ce projet a considérablement évolué. Même chose pour son budget, qui est passé de 15 millions deuros (en 2000) à 50 millions (en 2002), pour finalement atteindre les 70 millions deuros. A noter que les chiffres avancés à propos de la création demplois directs ont, eux aussi, fluctué au gré de lévolution du dossier : en janvier 2000, il était ainsi question de 500 emplois directs, avant de retomber à 70 en décembre 2002, pour enfin remonter à 150 aujourdhui.
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INSTALLATION DE FILETS À BRUME Soucieuse de préserver lenvironnement, la mairie du Tampon annonce que lensemble de lopération daménagement du parc du volcan répondra aux 14 points de la norme HQE. Traduisez : Haute qualité environnementale. Il sagit en fait dappliquer le concept de développement durable à la construction des édifices, qui doivent ainsi répondre à certains critères (matériaux non polluants, confort acoustique, lumière naturelle privilégiée, etc). Cest dans ce cadre quil est prévu dinstaller des filets à brume. Imaginée par des scientifiques canadiens et chiliens, cette technique débrouillarde permet de filtrer leau des nuages par le biais de filets en polypropylène, denviron 4 m de haut, sur lesquels la brume se dépose en gouttelettes avant de ruisseler dans un réservoir. Une façon comme une autre pour le parc de gérer le plus possible ses besoins en eau potable en dehors du réseau existant.
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Pas dopposition de principe pour le Parc des Hauts Pour la Mission Parc, le projet de la commune du Tampon ne peut faire lobjet dun avis de sa part, une sorte de neutralité régnant sur ce dossier. Le projet est situé en zone daire dadhésion (ancienne zone périphérique), le Parc na donc aucun pouvoir réglementaire, à la différence de la future zone centrale, précise Jean-François Benard, chargé de mission développement. Cela, alors que le Parc des Hauts nest encore une réalité que sur le papier. En clair : le maire du Tampon reste maître chez lui. Le Parc précise quil a déjà été associé à plusieurs réunions de travail, notamment sur la question de son insertion paysagère - pour une bonne harmonie dans le milieu - ou encore le choix des futures plantes. Un partenariat que le chargé de mission souhaite voir prolonger dans le temps. En rappelant lintérêt dun aménagement réfléchi du massif, profitable au plus grand nombre, mais qui nempêcherait pas les initiatives allant dans le sens dune valorisation générale du volcan. Cest précisément lobjet dun projet de schéma daménagement éco-touristique, présenté par lONF en fin dannée dernière à une pléiade dacteurs, dont la Mission Parc. P.M.